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Business Intelligence libre-service : les pièges à éviter

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Depuis quelques années, on remarque un engouement pour le Business Intelligence (BI) libre-service et plusieurs éditeurs de logiciels en font leur cheval de bataille. Mais qu’est-ce que le BI libre-service? Imhoff et White proposent cette définition (traduction libre):

Ce sont les fonctionnalités de l’environnement BI qui permettent aux utilisateurs de devenir plus autonomes et moins dépendants du département d’informatique.  Ces fonctionnalités se concentrent sur quatre objectifs principaux : offrir une meilleure accessibilité aux données sources pour la construction de rapports et d’analyses, fournir des fonctions d’analyse avancées, donner des options de déploiement plus efficaces et fournir des interfaces utilisateurs simples et conviviales facilitant la collaboration et la personnalisation. 

Cette définition rejoint évidemment un des principaux objectifs avoués de cette tendance qui est d’éliminer les délais d’attente des utilisateurs face au département d’informatique. Pour plusieurs, le modèle d’affaire qui centralise tout le développement BI vers une équipe du département d’informatique n’est pas viable. En particulier, Boris Evelson souligne que les besoins BI changent si vite, qu’un département d’informatique ne peut fournir à la demande. Et l’effet semble exponentiel. Plus on livre des solutions BI, plus les demandes de changements se multiplient! Il en résulte une pile qui grandit plus vite qu’elle ne baisse. Les utilisateurs deviennent donc frustrés par la lenteur du département d’informatique et souhaitent plus d’autonomie. Cela rejoint les résultats d’une étude menée par Imhoff et White qui rapporte que pour 65% des organisations sondées, la très grande volatilité des besoins d’affaires motive les départements d’informatique à adopter un modèle de type libre-service.

Mais n’est pas autonome qui veut. Il y a plusieurs années, la convivialité des outils n’était pas au rendez-vous, il fallait un bagage technique important pour pouvoir se passer des bons services du département d’informatique. Mais aujourd’hui, les outils se sont grandement améliorés et des solutions intéressantes sont maintenant disponibles sur le marché. Avec une bonne couche sémantique, qui isole le modèle physique de données, les utilisateurs n’ont pas à être des experts SQL ou MDX pour produire leurs propres rapports. Ils peuvent simplement, par des actions glisser-déposer, produire des rapports d’analyses sophistiqués. Par contre, ces approches comportent des limites et certains utilisateurs en demanderont toujours plus : plus de droits, plus de flexibilité, plus de liberté. Et c’est là qu’il faut être vigilant.

Dans un article intitulé « Five steps to Self-Service Nirvana », Wayne Ekerson souligne plusieurs effets pervers du BI libre-service. Nous retenons ici trois aspects importants qu’il faut garder en tête lorsqu’on souhaite mettre en place du BI libre-service.

À chaque utilisateur son outil

Ce sujet a déjà été abordé dans un article précédent de ce blogue. Chaque catégorie d’utilisateurs a des besoins particuliers et c’est particulièrement vrai dans le contexte du BI libre-service. Le BI libre-service n’a pas la même connotation pour un analyste que pour un utilisateur opérationnel ou un utilisateur occasionnel. Pour l’analyste chevronné possédant une bonne connaissance des données, le BI libre-service signifie pouvoir créer ses propres rapports avec beaucoup de flexibilité et avoir accès au maximum de données. Pour l’utilisateur plus opérationnel, le BI libre-service signifie pouvoir naviguer de manière flexible dans de la donnée BI certifiée et officielle. Pour le cadre, le BI libre-service signifie être capable de choisir les indicateurs clés qu’il veut suivre, de pouvoir configurer son propre tableau de bord et de pouvoir mettre en place des alertes pertinentes. Plutôt que de chercher dans l’information à l’aide de langages de requêtes complexes comme SLQ et MDX, cette catégorie d’utilisateurs souhaite pouvoir faire des recherches avec un outil du style Google.

La nécessité d’un groupe de gouvernance BI

Un des enjeux du BI libre-service est d’éviter une certaine anarchie, un chaos dans l’interprétation de la donnée. Si on permet à tout-un-chacun d’interpréter la donnée comme bon lui semble, de produire ses propres rapports et de les publier, on va tout droit à la catastrophe. Des mécanismes de contrôle doivent être mis en place pour limiter la prolifération de rapports et surtout pour promouvoir, auprès d’une certaine communauté d’utilisateurs, l’utilisation de rapports normalisés et considérés comme officiels. Chaque nouveau rapport proposé par un analyste doit être approuvé par des autorités compétentes avant d’être publié. Dans un rapport détaillé sur le sujet, Wayne Eckerson propose de mettre en place un groupe de gouvernance BI chargé de prévenir ce chaos. Ce groupe n’a pas pour mission d’empêcher les utilisateurs de créer leurs propres rapports, mais plutôt de garder un contrôle sur une certaine interprétation standardiséede la donnée au sein de l’organisation.

Le rôle essentiel du département d’informatique

Comme l’indique David Stodder, le BI libre-service ne veut pas dire que les utilisateurs doivent être laissés à eux-mêmes. Le département d’informatique continue de jouer un rôle de premier plan. L’étude d’Imhoff et White rapporte d’ailleurs qu’en déplaçant une partie de la charge de travail de développement de rapports aux utilisateurs, on ne fait que donner plus de temps à l’équipe BI du département d’informatique pour pouvoir se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée comme : développer de nouvelles applications, ajouter de nouvelles données à l’entrepôt, améliorer la qualité des données et incorporer de nouvelles technologies pour améliorer la performance. Il est aussi important que le département d’informatique ne se déresponsabilise pas de la compréhension des besoins fonctionnels. Son rôle ne se confine pas à s’occuper de la plomberie du BI : il doit investir des efforts pour bien comprendre les besoins fonctionnels des unités d’affaires qu’il dessert. Eckerson propose de créer un réseau de super-utilisateurs où chaque unité fonctionnelle aurait son propre super-utilisateur, bien connecté avec le département d’informatique, et bien au fait des besoins fonctionnels de ses collègues de l’unité.

En conclusion, il ne faut pas voir le BI libre-service comme un changement de garde. Il s’agit simplement de bien partager certaines responsabilités entre les spécialistes techniques et les utilisateurs. Le BI libre-service, s’il est mis en place correctement, favorisera une prise de décision beaucoup plus agile en permettant à l’organisation de s’adapter plus rapidement aux besoins d’affaires de plus en plus volatils.